Arrivés à Salta, on a la chance de tomber dans une auberge de jeunesse où travaille un français. Ceci nous permet d'avoir toutes les infos nécessaires pour organiser notre périple dans le Nord. Après une journée de visite de la ville, son marché, ses églises, et à déambuler dans les ruelles, le dépaysement est bien réel et ce que l'on voit correspond bien à l'idée que l'on pouvait avoir de l'Amérique du Sud.
Dès le lendemain, on profite d'une accalmie des grèves qui bloquent les routes pour partir en bus à Purmamarca.
Les paysages sur la route sont somptueux et l'on regrette de ne pas pouvoir s'arrêter quand on veut... on a pris de bien mauvaises habitudes avec notre ami camping-car en Nouvelle-Zélande. Le village est minuscule, lové contre la montagne aux 7 couleurs, au coeur d'une vallée surplombée par de hauts sommets verts, bleus, rouges ou violets...
Au programme balades dans les environs et beaucoup de photos de montagnes multicolores qui semblent se découper au cutter sur un fond de ciel bleu immaculé. On a bien du mal à se décider à continuer notre route, on resterait bien encore un peu... surtout que pour une fois la nuit a été extrêmement bonne et d'un calme absolu (pas de coqs, pas de musique, pas de combats de chiens, ni de braiments de bourriquets...).
L'annulation de notre bus, faute de carburant, nous permet de profiter de ce havre de paix quelques heures supplémentaires, puis c'est le départ pour Humahuaca.
Les paysages de la Quebrada de Humahuaca sont décidément impressionnants, on traverse la région de la palette du peintre avec ses strates de couleurs incroyablement délimitées, comme peintes sur les flancs des montagnes. La ville, à 2975 mètres d'altitude, est au bord du Rio Grande, à sec en cette saison.
Ses habitants semblent tout droit sortis des classiques du western.
Leurs visages sont burinés par le soleil et la plupart portent leurs habits traditionnels (jupes dans les teintes de bleu pour les femmes, avec chapeaux melons et pour les gauchos, c'est le total look cow-boys, la vraie classe...).
Notre dernière destination, Iruya, est un village perdu dans la montagne.
Pour y parvenir, il faut 3 bonnes heures de bus sentant la vieille chaussette + une piste caillouteuse et défoncée + des ravins (sinon c'est pas drôle) + de l'altitude en veux tu en voilà.
Heureusement que pour nous distraire, un condor est passé par là, ainsi que des vigognes sauvages. Le tout accompagné par du Ennio Morricone dans les oreilles, on se croyait vraiment dans un Sergio Leon (enfin surtout Laurent, parce que Sophie elle connaît pas trop trop...).
Dans le village, comme partout, on achète sa viande à la boucherie. Par contre, la méthode pour la faire sécher est moins commune...
La balade de trois heures le long du cours de la rivière asséchée nous permet de ressentir un sentiment d'isolement incroyable.
Après une pause internet-lessive à Salta, on repart pour le sud, cette fois à bord d'une petite voiture de locations.
Après El Carril, on attaque rapidement la Quebrada d'Escoipe, une vallée très étroite où la route surplombe le rio du même nom. Au fur et à mesure de l'ascension, les nuages se dégagent petit à petit et nous font apparaître les montagnes rouges et vertes (sulfate de cuivre) qui nous entourent et les premiers cactus.
Au niveau des monts pelés de la Cuesta del Obispo (ARRGHHH, pas lui...), la route devient piste caillouteuse et commence à grimper velue en lacets. A hauteur du point culminant (3348m), la vue est incroyablement dégagée sur un océan de nuages d'où émergent, telles des îles isolées, les sommets des montagnes moins élevées.
Sur le Cachi Pampa, immense plateau aride, on croise un renard gris des Andes, ainsi que de nombreux aigles et vautours à tête noire. Au sein du parc national de Los Cardones (la variété de cactus rougeâtres qui nous entourent), on parcourt la recta Tin Tin, une ligne droite de 14 kms, en attendant de voir surgir Blondin et Tuco au coin d'une petite maison en terre ocre ou de derrière un cactus géant.
On passe la soirée dans la petite ville de Cachi, car, comme il est écrit dans le guide du Routard, "Cachi a du cachet". Ils sont vraiment trop drôles, les hippies du routard. Des jeux de mots pourris comme ça, ça pourrait presque sortir d'une chanson de Gainsbourg...
Quoi, un jour de mauvais temps! De la pluie!!! Trois gouttes, mais quand même, nous on s'est habitués au grand soleil.
La route entre Cachi et Molinos est très mauvaise, et traverse des paysages arides, voire lunaires au niveau de Las Flechas.
Après Angastaco, le désert qui nous entoure est peuplé de carcasses, de charognards, et de perroquets par dizaines.
En fin de journée, nous traversons une belle région de vignes, avant d'arriver à Cafayate où nous passons la nuit.
Le troisième jour du voyage débute par la Quebrada de las Conchas, 80 kilomètres particulièrement saisissants. On s'arrête à peu près toutes les 5 minutes pour admirer entre autres:
Medanos, une dune de sable blanc, plage perdue au beau milieu du désert.
Los Castillos, gigantesques châteaux fossilisés posés sur le lit du rio.
El Obelisco et la Ventana, montagnes striées de rouge et d'ocre.
L'anfiteatro et la garganta del diablo, deux immenses failles dans la montagne auxquelles on accède par deux canyons très étroits et impressionnants.
On parcourt les derniers kilomètres avec deux auto-stoppeurs, un père et son fils regagnant Salta et dégageant une bonne odeur de viande fumée.
Dernière journée à Salta à récupérer de la cuite prise la veille avec les locaux, puis on part en bus rejoindre le Bruno au Chili, à San Pedro De Atacama.